
Joël Andrianomearisoa présente sa première œuvre cinématographique à Madagascar à travers l’exposition « Please Sing Me My Song Before You Go ». Il s’agit également de sa première exposition au sein de l’espace historique d’Hakanto Contemporary, à l’Alhambra Gallery d’Ankadimbahoaka. Ce film a été inspiré par la berceuse « Iny hono izy ravorombazaha ». Du 12 avril au 18 mai 2025, l’artiste malgache invite les visiteurs à explorer les souvenirs d’enfance, la douceur de la transmission, mais aussi l’absence, le renoncement et le deuil silencieux, à travers le son et l’image, pendant une vingtaine de minutes. « Le film parle principalement d’une idée de séparation, car la berceuse est un chant de séparation, d’abandon. Dans ce film, je traite cet abandon en quatre chapitres : il y a effectivement la séparation et l’abandon sentimental ; la séparation et l’abandon d’un territoire ou d’une géographie, ce qui signifie partir pour chercher ailleurs quelque chose de meilleur ; il y a aussi la séparation entre un enfant et sa mère, un enfant et ses parents, et enfin la séparation qui est la mort », a expliqué Joël Andrianomearisoa lors d’une conférence de presse, ce vendredi 11 avril 2025, à la salle d’exposition. Son œuvre a été commandée par l’IFA Gallery et dévoilée en première mondiale à Berlin en 2024, lors de l’exposition « Measures Lullabies and Whispers ». « Le film a été entièrement tourné à Madagascar. Il n’y a qu’un seul acteur qui n’est pas malgache, mais français », a-t-il précisé.
Une mise en scène symbolique en amont du film

Avant d’entrer dans l’espace de projection, l’artiste de renommée internationale accompagne les visiteurs à travers plusieurs installations. Dès l’entrée dans la salle d’exposition, la première installation se trouve à gauche : une série de miroirs en aluminium fixés sur les murs. « La série d’aluminium a été coulée dans la terre parce que la terre et la mort sont profondément liées. Les miroirs en aluminium sont là pour refléter les mémoires des gens disparus, à la fois imaginaires et personnelles, que j’essaie de restituer », évoque Joël Andrianomearisoa.
La deuxième installation, située à droite de la porte d’entrée, consiste en un espace où des bougies allumées sont placées dans des vitrines. Une centaine de bougies sont alignées au sol. « C’est clairement une représentation d’une veillée mortuaire où une bougie reste toujours allumée. L’œuvre est également inspirée d’un moment populaire dans la capitale, où, vers 17 h-18 h, pour ne pas oublier et pour ne pas laisser partir le jour, Dans ces vitrines, une bougie est placée avec des beignets, de la même manière. Cela symbolise l’effort de maintenir le jour, même dans la nuit la plus profonde. Les bougies au sol vont se consumer au fur et à mesure de l’exposition, pendant un mois », précise-t-il.
Au centre de la salle d’exposition, dix peintures abstraites sont présentes pour évoquer des émotions. Deux dernières œuvres précèdent la projection du film, dont l’une représente une couronne entièrement teinte en noir, accrochée au plafond, symbolisant la mort.
Hakanto Contemporary : La fin d’un cycle et l’aube d’une nouvelle ère

L’exposition « Please Sing Me My Song Before You Go » marque également la fin d’un cycle pour Hakanto Contemporary dans son espace historique, au sein de l’Alhambra Gallery Ankadimbahoaka. Après cinq années dédiées à l’engagement artistique, aux expérimentations et à la programmation, ce lieu emblématique fermera définitivement ses portes. Durant cette période, Joël Andrianomearisoa, fondateur du centre, s’est retiré de la scène artistique malgache pour se concentrer pleinement sur son rôle de directeur artistique. Il a accompagné les artistes, leurs gestes, leurs doutes et leurs élans, dans une démarche engagée et visionnaire pour la scène artistique malgache et une nouvelle narration de Madagascar. Aujourd’hui, il revient en tant qu’artiste, au moment précis où se referme ce chapitre essentiel de l’histoire de Hakanto. « Nous fermons cet espace pour nous épanouir dans un nouveau lieu, dans la zone Filatex Ankadimbahoaka, qui a ouvert ses portes en septembre 2024. Nous allons investir dix fois plus grand, avec dix fois plus d’artistes et d’ambition », déclare Anja Rama, Directrice exécutive d’Hakanto Contemporary. Depuis sa création, le centre d’art a exposé plus de 125 artistes et organisé 18 expositions.
Lynda A.