Une situation alarmante. 90 % de la couverture forestière primaire de Madagascar est détruite, selon le rapport « Madagascar Protected Areas Outlook 2024 ». Le Consortium des Aires Protégées de Madagascar a effectué une évaluation sur la perte de couverture forestière des 109 Aires Protégées (AP) en analysant les données open sources de Global Forest Watch. L’analyse révèle que, entre 2014 et 2023, la déforestation a dépassé la superficie équivalente à un terrain de football par minute pendant dix ans. Ces AP couvrent 11,9 % (7 millions d’hectares) du pays mais, en raison des activités d’exploitation forestière illégale, elles ont déjà perdu près de la moitié de leur couverture forestière d’origine jusqu’au 31 décembre 2024. Les 3,48 millions d’hectares (9,7 %) des forêts primaires survivants ne représentent plus que 5,9 % du pays (une superficie plus petite que la taille de la Suisse). Selon les projections, plus de la moitié de la couverture forestière restante sera détruite d’ici 2026 sans intervention immédiate. Ainsi, plusieurs zones ont besoin d’un soutien immédiat parce que l’analyse de la perte de couverture forestière a permis d’établir un système de classification des menaces à quatre (4) niveaux pour les Aires Protégées, basé sur la survie prévue de la forêt naturelle. Parmi les AP les plus menacées, 13 sont classées comme « En danger Critique » dont l’AP Mangabe-Ranomena, Mahialambo, Ampasindava, Baie de Baly, Ranobe PK32, Menabe Antimena, Ankarafantsika. Toutes les forêts primaires à l’intérieur de ces Aires Protégées disparaitront probablement d’ici 10 ans. Les 17 autres AP sont classées « En Danger » avec une forte probabilité de perdre toute leur forêt primaire dans les 25 ans à venir. Il s’agit de l’AP Tsaratanana, Analabe-Betantanana, Bongolava, Manombo… Les 19 autres AP (Ambohijinahary, Zombitse Vohibasia, Loky Manambato…) sont classées comme « Vulnérables » et devraient perdre toute leur forêt primaire d’ici 50 ans. Et les autres AP sont classées « Préoccupation Mineure » ou menaces stables et gérables à long termes. « Cette évaluation change profondément notre compréhension de la crise de conservation à Madagascar. Nous avons identifié les Aires Protégés les plus menacées et avons des solutions concrètes prêtes à être mises en œuvre. Ce dont nous avons maintenant besoin, c’est d’un soutien international immédiat pour éviter des pertes irréversibles », déclare Solofo Rakotoarisoa, Responsable Senior de la Conservation chez Conservation Allies, lors de la présentation du rapport « Madagascar Protected Areas Outlook 2024 », le 12 décembre 2024. Le rapport souligne que la perte de couverture forestière est l’indicateur le plus important de l’efficacité de la gestion, ainsi que des menaces potentielles et de la mise en danger des Aires Protégées de Madagascar. Il confirme également que la culture sur brulis (tavy), la consommation de bois chauffage et la production de charbon de bois ainsi que l’exploitation illicite des bois précieux figurent parmi les principales causes de la déforestation dans la Grande île.
Lynda A.