
« De nombreuses opportunités s’offrent aux femmes entrepreneures sur le marché du COMESA », a déclaré Fanja Razakaboana, Présidente du Groupement des Femmes Entrepreneurs de Madagascar (GEFM), lors de la foire commerciale et de la conférence des femmes entrepreneurs de la COMFWB. La 5ème édition se tient à Madagascar, les 28 et 29 juin 2024, au Novotel Ivandry – Antananarivo. Ce rendez-vous économique a pour objectif de faire connaître aux femmes entrepreneures malgaches et africaines les opportunités commerciales et les programmes proposés par le Marché Commun pour l’Afrique Orientale et Australe (COMESA). Il vise également à renforcer le réseau des entrepreneures africaines. Des rencontres B to B et de conférences thématiques seront au programme pendant les deux jours. Parmi les sujets abordés figurent les opportunités commerciales au sein des chaînes de valeur régionales, ainsi que l’accès aux marchés et aux financements pour les femmes entrepreneures. En tant que l’une des huit (08) communautés économiques régionales reconnues par l’Union africaine, le COMESA œuvre à renforcer l’intégration économique régionale et continentale. La libéralisation et la facilitation des échanges commerciales ainsi que l’autonomisation des femmes, figurent parmi ses priorités. Grâce à ses programmes régionaux, COMESA offre à ses 21 États membres (Burundi, Djibouti, Égypte, Érythrée, Eswatini, Éthiopie, Kenya, Libye, Madagascar, Malawi, Maurice, Ouganda, République démocratique du Congo, Seychelles, Somalie, Soudan, Tunisie, Union des Comores, Zambie et Zimbabwe) et à ses partenaires de nombreux avantages, notamment l’accès à un marché élargi de 640 millions d’habitants, ainsi qu’une facilitation des échanges commerciaux entre les pays membres, sans droits de douane ni contingent. « Le marché du COMESA présente des millions de consommateurs. Cette foire commerciale et conférence permet aux femmes entrepreneures malgaches de trouver de nouveaux clients», souligne Rafaravavitafika Rasata, ministre des Affaires étrangères de Madagascar. La manifestation commerciale réunit plus de 500 entrepreneures africaines, et est organisée par la Fédération des femmes entrepreneures du COMESA (COMFWB), en collaboration avec la Fédération COMFWB Madagascar Chapter et le Groupement des femmes entrepreneures de Madagascar (GFEM). Il s’inscrit également dans le cadre de la célébration de la semaine du COMESA à Madagascar, marquant le début des festivités du 30ème anniversaire de l’organisation.
Les chaînes de valeur à exploiter sur le marché du COMESA

Patricia Ithau, Présidente Directrice Générale (PDG) de Vivo Women au Kenya, compte parmi les panélistes de la foire et de la conférence commerciale de la COMFWB. Elle considère que son principal défi réside dans l’approvisionnement en tissus, la matière première essentielle à son activité. « Même en connaissant les fournisseurs existants, cela reste un véritable défi. Nous avons commencé en Chine, puis nous sommes passés par Maurice, et aujourd’hui, nous sommes à Madagascar, un pays qui constitue également une source importante de tissus. C’est l’une des raisons pour lesquelles je suis ici », explique la femme entrepreneure kényane, lors de son intervention à la conférence intitulée « les opportunités commerciales au sein des chaînes de valeur régionales ». S’adressant aux participants de la conférence, elle poursuit : « De quelle manière pouvons-nous établir un partenariat avec vous et assurer notre approvisionnement ? Au sein du COMESA, l’absence de taxes sur ces échanges nous offre l’opportunité d’acquérir les tissus indispensables et de mener à bien notre mission : produire nos propres vêtements et générer un impact positif en Afrique ».

Endrina Maxwell, entrepreneure malawienne, participe également à cet événement d’envergure internationale. Spécialisée dans la production d’huile de tournesol, la Présidente Directrice Générale de Dwale Supplies fait face à un défi majeur en matière d’approvisionnement en matières premières. « Dans notre pays, accéder à des graines certifiées de tournesol est un véritable défi. Nous devons nous approvisionner auprès des pays voisins. Il est essentiel pour nous d’avoir accès aux ressources nécessaires afin de pouvoir atteindre de nouveaux marchés que nous ne pouvons pas encore couvrir. Nous réalisons que la zone de libre-échange africaine représente une opportunité précieuse. Elle nous permet de bénéficier de tarifs réduits sur le transport et de mesures facilitant l’accès à ces marchés pour vendre nos produits », confie-t-elle. Pour Madagascar, le COMESA représente un partenaire clé, avec des exportations annuelles estimées entre 50 et 100 millions de dollars, ainsi que des financements directs de 2,6 millions d’euros, principalement destinés au secteur privé, selon le ministère des Affaires étrangères. Parmi les produits phares exportés par la Grande Île vers les pays membres du COMESA, notamment Maurice, le Kenya et les Comores, figurent les textiles, la vanille, le girofle, les épices et les légumes, d’après une source.

Le Secrétaire général adjoint chargé de l’Administration et des Finances du COMESA, Dr Dev Haman, ajoute que Madagascar dispose d’un fort potentiel en ressources. « La Semaine du COMESA a été organisée dans la Grande Île afin de valoriser ces potentiels et de sensibiliser les femmes entrepreneures à l’importance des programmes d’intégration régionale ainsi qu’aux opportunités commerciales au sein du COMESA. Vous disposez d’une grande variété de fruits et de légumes. Avec une simple technologie, par exemple en séchant correctement les fruits au soleil et en les emballant sous plastique, ils deviennent des produits commercialisables sur le marché commun. Vous avez également des pierres précieuses, mais il est essentiel de se regrouper afin de réunir une quantité suffisante. En formant un collectif, il devient plus facile de partager les frais d’exportation, notamment ceux liés au transport maritime », a-t-il expliqué. La valeur totale des exportations intra-COMESA a enregistré une hausse de 28 %, passant de 10 milliards de dollars en 2020 à 13 milliards de dollars en 2021, selon le rapport annuel 2022. L’Égypte domine le marché des exportations intra-COMESA en 2021, représentant 22,2 % du total. Le Kenya occupe la deuxième place avec 16,3 %, suivi de la Zambie, troisième, avec 12,4 % de part de marché. Madagascar se trouve au 17ème rang avec une part de marché à l’exportation de 0,4 % (52,7 millions de dollars en 2021, contre 45,4 millions dollars en 2020).

Les exportations des huiles de palme, de ciment, de minerais et de concentrés de cuivre, d’automobiles , graines de sésames, de sucre de betterave/canne sous forme solide, de pièces et accessoires de véhicules automobiles, d’animaux vivants, d’huiles de pétroles raffinées, de cuivre raffiné, de clinkers de ciment, de soufre de toutes sortes, de préparations alimentaires, d’eaux (y compris les eaux minérales et les eaux gazeuse) contenant des sucres ajoutés et d’arrow-root, de patates douces et de racines et tubercules similaires, sont les principaux moteurs de croissance du commerce intra-COMESA. Certains produits ont connu une progression remarquable en 2021. L’huile de palme raffinée, par exemple, est passée de la 35ème place en 2020 au 6ème rang en 2021. Les graines de sésame ont bondi de la 49ème à la 14ème place, tandis que les automobiles sont passées de la 117ème position en 2020 à la 20ème en 2021.
Réseautage et formation

Dans le cadre de ses efforts pour favoriser la participation active des femmes aux activités commerciales et à l’intégration économique régionale, le COMESA, à travers la Fédération des femmes entrepreneures du COMESA (COMFWB), soutient également la formation des femmes en matière de préparation aux exportations, ainsi que l’amélioration de leurs compétences techniques et entrepreneuriales. « L’organisation a financé une unité de couture dédiée aux femmes membres de notre association. Chaque année, des formations sont organisées afin de renforcer leurs compétences techniques et managériales », explique Immaculée Nsengiyumva, Secrétaire générale de l’Association des Femmes d’Affaires du Burundi (AFAB), présente à la 5ème édition de la foire et conférence commerciale du COMFWB. « C’est une opportunité pour nous d’être ici afin de présenter les produits « Made in Burundi » et d’échanger avec d’autres femmes africaines. J’espère que toutes celles intéressées par nos produits nous contacteront », a-t-elle déclaré. Le COMFWB a également lancé, en 2018, la plateforme « 50 Millions de Femmes Africaines ont la Parole » (50MFAP) – accessible via www.womenconnect.org – en partenariat avec la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ce projet est financé par la Banque Africaine de Développement (BAD).
Cette plateforme numérique de partage d’informations vise à aider les femmes à participer activement aux chaînes de valeur régionales et mondiales. Son contenu couvre divers aspects essentiels tels que les services aux entreprises, l’information sur le marché, l’accès au financement, le renforcement des capacités et le mentorat. Elle fournit également des ressources pertinentes sur l’accès aux marchés, l’aide juridique, les exigences en matière d’importation et d’exportation, ainsi que des modules d’apprentissage dédiés à l’entrepreneuriat. En plus de ces services, la plateforme facilite le réseautage entre les femmes entrepreneures africaines, leur offrant la possibilité de vendre leurs produits, présenter leurs activités, trouver des clients et partager leurs expériences. En 2024, plus de 600 000 utilisateurs ont consulté le site, et plus de 14 000 femmes s’y sont inscrites. En s’appuyant sur ces initiatives, les femmes entrepreneures africaines peuvent non seulement développer leurs affaires, mais aussi contribuer à la croissance économique du continent. Le COMESA reconnait que l‘autonomisation des femmes sont essentielles pour atteindre les objectifs du programme d’intégration régionale.
Lynda A.