LUTTE CONTRE LA DEFORESTATION: La balle de riz permet de sauver des milliers d’hectares de forêts

A Madagascar, 18 millions de m3 de bois sont utilisés  chaque année pour  la production du charbon de bois et de bois de chauffe. Cela favorise fortement la dégradation de la forêt. Grâce aux résultats de recherche, la balle de riz est une alternative pour réduire la déforestation ainsi que  les dépenses ménagères. 

20 fois moins cher que le charbon de bois. En termes de source d’énergie domestique, 97 % des malgaches utilisent essentiellement du bois énergie dont 48% de charbon de bois et 49 % de bois de chauffe. 110.000 ha par an de forêt disparait pour produire 402.000 tonnes de charbon. Actuellement, la grande ile ne dispose que  5%  de couverture forestière  (environ 8,5 millions ha) et les 45 % des aires protégés sont détruits, selon la lettre officielle du Président de la République de Madagascar, Andry Rajoelina, en février 2019 pour le gouvernement et les ministres. Or, la déforestation est une des facteurs du changement climatique. C’est ainsi que le réchaud à balle de riz a été créé dans le but de protéger l’environnement et de réduire les dépenses d’énergie destiné à la cuisson.

Une alternative

Faly Rasamimanana , Directeur Général du Faly Hordea

Madagascar est un pays où la production rizicole occupe une place prépondérante. « Pour 2019, la production du riz  s’élève à 4.800.000 tonnes dont les 20 %  deviennent balle de riz après avoir été décortiqué », a expliqué l’opérateur économique Faly Rasamimanana. « A Ambatondrazaka, le grenier du riz de Madagascar, la balle de riz est brûlé parce qu’elle favorise la multiplication des moustiques et des puces et provoque du paludisme », a-t-il ajouté. Vu la consommation de charbon de bois qui entraine la dégradation de la forêt, Faly Hordea a fait une recherche afin que ces balles de riz soient réutilisées. En trois mois seulement, la société exportatrice de fruits et légumes a pu créer un réchaud qui permet d’utiliser la balle de riz au lieu de charbon de bois. Le nouveau réchaud, appelé Atiala signifie « arrêtez de couper la forêt ». Cette solution rime avec le projet Atiala, lancé le 26 mai 2020 afin de promouvoir le développement durable e inclusif. Il s’agit d’un projet propulsé par la plateforme HFKF (mouvement  pour le rassemblement des chrétiens en faveur de la nation) et soutenu par le Ministère de l’environnement et du développement durable (MEDD) dans le cadre de la promotion de l’énergie verte et de la sensibilisation des entreprises à la mise en œuvre de la politique Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE).

Moins cher

Tsilavina Ismael Rajaonary, habitant à Mendrikolovana, commune Alasora

Le réchaud à balle de riz allège la dépense en énergie destiné à cuisson. En un mois, un ménage consomme un sac de charbon de bois de 25.000 Ariary. Parcontre, s’il utilise le réchaud à balle de riz, il dépense 4.000 Ariary  par mois au maximum. Dans la ville d’Antananarivo, le prix d’un sac de balle de riz varie de 1500 à 2000 Ariary. Il est à 500 Ariary  dans les communes rurales. « La dépense est moins 20 fois  que la consommation de charbon et de bois de chauffe », martèle Faly Rasamimanana, Directeur Général du Faly Hordea. Dans le cadre de lancement du projet Atiala, 80 réchauds Atiala ont été distribués  gratuitement au centre d’orphelinat, au sein des groupes vulnérables, dans des églises, dans la commune d’Alasora et Ambohimanambola.

Le réchaud à balle de riz

« Je trouve que la période de cuisson est très rapide. Un sac de charbon coûte 25.000 Ariary, par contre, un sac de balle de riz est à 2.000 Ariary », témoigne Tsilavina Ismael Rajaonary, un des bénéficiaires du réchaud, habitant à Mendrikolovana, commune  Alasora.  « La moitié du sac de balle riz que j’ai acheté le mardi de la pentecôte n’est pas encore épuisé », raconte-t-il, le 12 juin 2020. Joseph Augustin Rakotonirina, dit Ndriana, paysan à Alasora atteste également qu’il y a une grande différence par rapport à la dépense. « Nous dépensons plus d’un sac de charbon de bois en un mois. Or, le prix du sac est à 25.000 Ariary. Maintenant, nous utilisons ce réchaud à balle de riz. Un sac de balle de riz nous suffit pendant un mois. Très bénéfique !  Nous pouvons acheter d’autre matériel  d’agriculture et nous pouvons utiliser les cendres comme engrais en mélangeant  avec  le fumier de bœuf », a-t-il dit. Il est  à noter que le réchaud Atiala coûte 30.000 Ariary.

Crédit carbone

Ony Rabearivololona, Directeur du développement durable

La balle de riz permettra de sauver des milliers d’hectares de forêt.  « 100.000 hectares par an de forêt  disparaissent », confirme Ony Rabearivololona, Directeur du développement durable. Heureusement,  « sept ménages ou sept réchauds à balle de riz épargnent un hectare de forêt par an », atteste Faly Rasamimanana. D’après ses explications, la balle de riz à Madagascar peut servir jusqu’à  1.000.000 de ménages par an. La forêt  est un réservoir naturel capable d’absorber et de stocker le carbone, un des facteurs du réchauffement climatique.  Le MEDD est en phase de préparation administrative du programme lié au crédit carbone dont  les cinq régions de Madagascar, à savoir Sava, Sofia, Analanjirofo, Atsinanana et Alaotra Mangoro figurent parmi les bénéficiaires.  « Le contrat sur le crédit carbone sera  signé  vers la fin d’année 2020. Il s’agit d’un  financement de la Banque mondiale d’un montant de 60 millions de dollars », indique le Directeur du développement durable.  « Ce sont les collectivités territoriales décentralisées  participant activement à la protection de la forêt qui bénéficieront ce crédit carbone », a-t-elle précisé.

L’avenir de la filière  du bois énergie

Le ministère de l’environnement et le porteur du projet Atiala sont  en train de  discuter à propos des risques sur l’augmentation de prix voire la pénurie de la balle de riz. Un programme ayant pour objectif d’épargner  les producteurs de charbons sera en cours d’élaboration.  « Le ministère n’interdit pas la production du charbon. Il existe des opérateurs formels. Ce sont les arbres qu’ils ont planté dans leurs terrains qu’ils les transforment en charbon. Mais il y a aussi de nombreux  producteurs informels. Ils présentent une menace pour les aires protégées », conclut Ony Rabearivololona. Pour ne pas créer d’autres crises sociaux, le ministère est en cours d’élaborer un programme pour  pouvoir les proposer d’autres filières à entreprendre.

Lynda A/Ra-Nirina